Les vacances scolaires sont une occasion sans appel pour s’échapper à chaque fois que cela est possible vers le bleu et le grand air. Et pour cela, Marseille et ses bords de mer sont une destination très privilégiée, que les jeunes réclament quasiment à tous les congés. Le programme y est simple : après une matinée de service généralement dans une association qui œuvre auprès des personnes sans domicile, nos loulous se retrouvent sur les plages du Prado pour y partager un moment au kébab du coin (incontournable!). Ensuite, c’est ballon sur la plage, café pour les animateurs (évidemment), et visite d’un coin de Marseille. La cité phocéenne dévoile alors des secrets insoupçonnés, et l’on n’a jamais fini de s’émerveiller.
ALLER A LA RENCONTRE DE L’AUTRE
Une descente à Marseille commence toujours par un rendez-vous incontournable : une matinée de service auprès des personnes en grande précarité dans le troisième arrondissement de la ville. En jeu : la cuisine des denrées apportées la veille et le service des repas effectué de 10 heures à midi. Ensuite, nettoyage et rangement avec les bénévoles de l’association organisatrice. Les jeunes demandent systématiquement à y retourner, ce qui est pour nous très révélateur de leur besoin de se rendre utile et de l’immense générosité qui les anime.
PARTAGER, PRENDRE LE TEMPS
Les grandes plages du Prado offrent de magnifiques promenades baignées de lumière. Les jeunes apprécient de s’y retrouver sans autre but que de flâner et d’être un peu ailleurs. Le snack du coin nous accueille ensuite pour partager kebabs et tacos dans une ambiance bon enfant.
Le snack « Le David » est notre rendez-vous gourmand. A eux seuls, les jeunes de l’Escale remplissent la salle ! Le patron est donc obligé de nous faire des prix… et d’offrir le café !
DÉCOUVRIR MARSEILLE
Les beaux endroits ne manquent pas dans la cité phocéenne. Des plages du Prado jusqu’au Vieux Port, en passant par la Corniche ou les contreforts de Notre Dame de la Garde, tous les ingrédients sont là pour une journée riche en découvertes. Tandis qu’une équipe de grands a choisi d’aller faire les grandes surfaces, les autres membres du groupe ce jour-là décident de se rendre aux abords du Mucem, à l’orée du Vieux Port et du mythique quartier du Panier.
Les lumières de Marseille savent être époustouflantes, surtout dans l’arrière saison. Elles enivrent les sens autant que les paysages, et lorsque l’après-midi s’étire à l’approche des soirées automnales gorgées de vent tiède, tout le monde se sent éclairé de paix et de nonchalance. Le ciel et la mer soudain se mêlent en un festival de douceur. Les jeunes autant que l’équipe savourent ces moments-là et en redemandent. Ils sont l’occasion de se retrouver, de parler, de se laisser porter.
Après la visite d’une exposition au Mucem et de longues flâneries au-dessus du port, nous sommes rejoints par un groupe d’adolescents de Gennevilliers en séjour dans le Sud avec un ami éducateur. Un joli moment d’amitié et un incontournable foot sur l’esplanade, avant d’aller visiter la cathédrale de la Major juste au-dessus. Amitié, sport, culture : tous les ingrédients d’une après-midi réussie.
Dès les débuts de l’Escale Jeunes, un petit groupe s’est fédéré autour de la culture rap, écrivant quelques textes et posant devant les micros au son des « instrus » que les uns et les autres glanaient sur Internet. Parmi eux, Rami, 16 ans, écoutait, participait à la bonne humeur ambiante mais n’aurait jamais osé aligner un mot après l’autre. Et puis un jour, il est arrivé avec un texte qu’il avait lui-même écrit sur son téléphone. La surprise est totale : le flow est juste, le texte est bon, tout le monde est « scotché ». Travaillant quotidiennement pour perfectionner ses écrits, Rami développe son style et son propre flow, corrigeant autant que nécessaire et le soumettant à l’avis des autres. Aujourd’hui âgé de 19 ans, sans se prendre au sérieux et tout en poursuivant ses études, « Mira » met désormais ses compositions en ligne sur le site YouTube.
Les heures de travail à la salle Rap sont l’occasion de rassembler d’autres jeunes et donne à certains l’envie d’exprimer à leur tour leurs talents. Parmi eux, Mohamed, Yann-Ly, Arbion et Anthony.
Parmi les grandes qualités de Rami, la jovialité et l’humour en font un des membres dynamiques de l’Escale Jeunes. Il participe notamment au Conseil des Jeunes chargé de donner des idées et de faire le relais entre l’équipe et l’ensemble des adhérents.
DE L’ESCALE AU STUDIO
Dans le cadre d’un partenariat établi entre le jeune et l’Escale, au vu du sérieux des textes et du travail entrepris par ce dernier, notre rappeur enregistre désormais chaque mois au studio BeatBounce de Marseille sous la houlette d’un ingénieur du son professionnel. Cette démarche oblige le jeune à soigner la qualité de son travail et sa régularité. Plusieurs autres jeunes accompagnent l’artiste en herbe à chaque expédition, constituant ainsi une activité culturelle très prisée des grands de l’association et riche en découverte. Voir les disques d’or et de platine des meilleurs artistes du moment accrochés dans les couloirs des studios suscite toujours une certaine émotion…
Les séances en studio sont exigeantes. En une heure à peine, il faut avoir finalisé le morceau, réalisé les « backs » et les effets. Une vraie discipline.
Pour accompagner le rappeur, il y a toujours quelques bons potes, membres de l’Escale Jeunes eux aussi, certains depuis la première heure. L’occasion aussi de s’émerveiller d’un bel esprit d’amitié et de fidélité. Younès, Arbion, Anthony et Gaëtan font partie de ceux-là.
Depuis la création de l’Escale Jeunes, les séjours dans le Verdon sont devenus un incontournable de l’été, attendus et plébiscités par tous les adhérents. Que ce soit en camping ou dans un lieu d’accueil mis à disposition grâce à la complicité bienveillante de quelques amis éducateurs dans le coin, la nature splendide des Gorges et des alentours offre chaque année un havre d’émerveillement et de découverte extrêmement bénéfique pour les jeunes. De ce prodigieux exutoire nait une expérience de vie de groupe toujours constructive et riche en humanité. Retour en images.
A ROUGON, L’ESCALE SE MET AU VERT…
La Bergerie de Faucon, lieu de vie accueillant des jeunes en placement pour un travail d’insertion autour de la zoothérapie, offre aux jeunes de l’Escale un terrain magnifique sur lequel nous posons nos tentes pour quelques jours. Dans ce cadre idéal, ballades, baignades en rivière, visites des alentours et soirées à la belle étoile constituent un programme parfait.
Le père Guy Gilbert, légende vivante de l’éducation des années 70 et fondateur, avec plusieurs équipes de jeunes de Paris, de ce lieu hors normes, vient lui-même accueillir le groupe. Parmi les habitants du lieu, des chiens ne tardent pas à venir chercher auprès de nos loulous de nouveaux compagnons de jeu.
Cuisine, vaisselle et nettoyage sont les incontournables avant de partir à la découverte du secteur, riche en forêts et rivières.
Biches, sangliers, kangourou, et bien d’autres espèces vivent en ce lieu et constituent le terreau éducatif pour les jeunes accueillis, qui doivent en prendre soin plusieurs fois par jour. Nous sommes invités à découvrir leur travail.
Les longues soirées d’été sont l’occasion de nous rendre dans les pubs du coin, où la vie ne manque pas ! Une ballade en moto grâce aux nombreux motards rassemblés pour le week-end, puis une descente au village de La Palud-sur-Verdon, et voici nos jeunes goûtant une liberté très appréciée !
Chaque année, nous nous émerveillons de la joie qui se lit sur tous les visages, et de la reconnaissance exprimée de la part de tous les jeunes après leur séjour. Nous sommes toujours surpris de la qualité des échanges entre eux, même si, bien sûr, quelques recadrages sont nécessaires de temps à autre (travail éducatif oblige…). Mais somme toute, c’est toujours la joie et la paix qui prédominent. Et les jeunes en redemandent !
Nous ne mesurons pas combien l’impact du temps passé à partager, à découvrir, à explorer, peut influencer tout un parcours. Ces moments privilégiés constituent de vrais tremplins quand ils sont animés d’une même passion éducative et de cette attention bienveillante qui révèle au jeune sa valeur autant que sa capacité. Il en gardera pour sa vie le souvenir d’une possibilité, d’un bonheur, d’un essentiel.
Le village de Moustiers Sainte Marie nous offre chaque année l’hospitalité grâce à la mise à disposition d’un lieu d’accueil pour les jeunes qui a le mérite d’avoir toutes les commodités aux normes : cuisine équipée, sanitaires, eau chaude (sauf la première année !!), dortoirs séparés et chambres possibles pour les animateurs. Situé au cœur de ce havre classé « plus beau village de France », le local a l’avantage d’être à proximité de tous les commerces essentiels, et à quelques kilomètres à peine du lac de Sainte Croix. Une bénédiction qui vient à point compléter le village de Rougon où nous nous rendons par ailleurs camper selon les périodes. Plusieurs séjours peuvent ainsi être proposés chaque été en petits effectifs de 12 à 15 jeunes.
L’arrivée au village est toujours un moment de très grande joie ! Après avoir posé leurs affaires et découvert les lieux, les jeunes prennent le temps de se poser, d’apprivoiser ce village à flanc de falaise et s’imprégner de l’ambiance si particulière des soirées estivales qui s’annoncent douces et paisibles.
PENDANT QUELQUES JOURS, RECRÉER UN ESPRIT DE FAMILLE
La force de nos séjours, comme d’une manière générale ce que nous essayons de proposer à l’Escale, c’est l’esprit de famille, vécu dans la plus grande simplicité : tout le monde participe aux tâches, apporte sa pierre, invente, s’exprime, innove, et le partage devient ainsi une évidence, même pour les plus paresseux !
Les repas sont des moments très privilégiés, notamment le soir à l’issue d’une bonne journée d’activités. Tout le monde a sa part du service, de la mise de table au débarrassage, en passant par la cuisine à tour de rôle, et bien sûr la vaisselle ! Au final il se dégage une impression de fraternité, dans le respect des spécificités de chacun, très appréciée des jeunes et de l’équipe.
A TRAVERS LE SPORT, SE CONFRONTER A LA NATURE
Les Gorges du Verdon offrent tout un panel d’activités possibles en nature et très accessibles à tous les niveaux. Ici, nous retrouvons avec bonheur les moniteurs du club de canyoning pour une demi-journée de randonnée aquatique dans un décor à couper le souffle.
Le canoë dans les Gorges est un incontournable de tous les séjours. Facile d’accès, l’activité permet surtout aux jeunes de pouvoir sauter de façon sécurisée et se baigner à tous moments dans les eaux du Verdon, chaudes en cette période de l’année, et cette dimension de liberté a son importance.
Grande amie de l’Escale et remarquable pédagogue, Christine initie chaque année nos jeunes à la voile depuis sa base nautique à Sainte Croix du Verdon. Les jeunes y font l’expérience d’une découverte originale des berges sauvages tout en s’essayant à rivaliser de vitesse en jouant avec le vent. Une belle discipline.
APRÈS L’EFFORT, LE RÉCONFORT !
Les retours d’activités ne sont que les préludes d’autres moments à vivre : crêpes, détente, jeux de société, précèderont de longues soirées sur les places du village, histoire de discuter, de rire, de manger une glace, jusqu’à ce que la fatigue ait enfin raison de nos forces ! Jusqu’à la prochaine.
2018. Des inondations terribles ravagent de nombreux villages dans l’Aude. Le bilan est très lourd et les dégâts considérables. Interpellé, un groupe de jeunes de l’Escale décide de se rendre sur place pour apporter de l’aide aux sinistrés. Problème : compte tenu de la difficulté d’organiser l’aide dans les différents lieux, aucune des mairies contactées ne sait nous orienter vers des lieux d’action. Un reportage à la télévision nous interpelle alors : le monastère orthodoxe du Buisson Ardent à Villardonnel a été fortement touché et les sœurs lancent un appel à l’aide. Une sœur âgée y a même perdu la vie, emportée par le torrent qui a traversé le monastère. Un simple coup de fil et nous voilà attendus pour deux jours d’une solidarité qui semble vraiment bienvenue.
UN APPEL A L’AIDE…
Notre première approche du secteur s’ouvre sur des paysages bucoliques de très grande beauté. Situé au beau milieu de la campagne, tout près du village de Villardonnel, le monastère sinistré ne laisse pas imaginer de prime abord le drame qui s’est déroulé ici. Ce sont les communes traversées en venant qui nous ont fait prendre la mesure de la catastrophe. Pour l’heure, c’est une campagne enchanteresse qui nous accueille, avec le sentiment d’arriver à la ferme.
TOUT SORTIR POUR TOUT DÉCAPER
La première tâche confiée aux jeunes est de sortir tous les tapis qui ont été immergés dans la boue. Un travail fastidieux nous attend qui va consister à leur redonner vie et à récupérer ce qui peut l’être.
DÉGAGER LES MEUBLES, TOUT NETTOYER
A l’intérieur des locaux, de nombreux meubles, mais aussi de l’électroménager, ont été extrêmement endommagés. L’eau qui a pénétré dans toutes les salles est montée à des niveaux tels que tout le mobilier a été emporté, fracassé contre les murs. A l’heure où nous arrivons, d’importants travaux ont déjà été effectués par les nombreux bénévoles venus aider la communauté. Nous prenons la suite du travail.
REMBLAYER, APLANIR
A l’extérieur des bâtiments aussi, il y a eu quelques dégâts, notamment sur la route. Les jeunes proposent de niveler certaines parties pour la rendre plus pratiquable.
RETAPER, RÉPARER
Outre la route, le jardin potager a été entièrement ravagé. On n’imagine pas, sous le soleil d’automne qui nous inonde de sa lumière, quel effroi ont engendré les flots en furie qui ont littéralement traversé les maisons, dévastant tout sur leur passage.
A la fin de la journée, les derniers coups de balais constituent la part la moins ingrate du travail. Les jeunes partagent aussi la joie d’accomplir une tâche ensemble et cela se voit !
ÊTRE ENSEMBLE, SE RETROUVER !
En l’absence d’électricité, c’est aux chandelles que l’équipe s’affaire à préparer les provisions, dont une partie ont été apprêtées généreusement par les sœurs, tandis que nous avons acheté le reste. C’est une soirée toute en chaleur et en gaieté qui attend le groupe de volontaires.
Crêpes, pâtes, gâteaux, fruits, et même du vin pour les adultes : tout est réuni pour un très bon moment de partage, qui laissera au groupe le souvenir que ces deux jours de service improvisé auront été un très beau cadeau.
Pour le logement, c’est l’inattendu : nous qui avions emporté les tentes et les matelas gonflables, nous nous trouvons finalement gratifiés de logements tout préparés. Si un mobilhome et un chalet ont été apprêtés pour les jeunes et deux animateurs (Fred et Marjo), c’est une large maison au village qui accueillera les plus anciens du groupe grâce à la générosité d’Isabelle et de ses 7 chihuahua… Inoubliable !
« Il ne faut jamais craindre de susciter la générosité des jeunes : elle est immense ! Elle permet surtout à des adolescents et de jeunes adultes de se trouver valorisés par le bien qu’ils apportent et la découverte de leurs propres compétences, souvent méconnues pour eux-mêmes. Proposer des actions de solidarité, c’est être certain d’accompagner chaque jeune vers une plus grande confiance, et donc vers un devenir possible. »